C’est étrange, des
articles tels que le vôtre je les attends, avec soulagement. . Et
pourtant, je n’y souscris pas. Il franchit un pas de trop que son
titre résume bien :
« J’ajoute
que tous ces « bandits manchots » ne produisent rien, ne
servent objectivement à rien,... leur disparition (éminemment
souhaitable) ne provoquerait aucune pénurie, aucun manque, aucune
carence dans la reproduction sociale (à la différence des ouvriers,
des paysans, des pêcheurs, des médecins ou des chercheurs) …
etc. »
Aux sportifs ajoutez
donc les chanteurs, les musiciens, les peintres et tous les artistes
en général et la plus grande part des intellectuels, fermez les
cirques, les salles de spectacle, envoyez les corps de ballet à la
mine et surveillez de près tous les centres de recherche universitaires dont on sait que la plupart cherchent mais ne trouvent pas....Vous avez dit utilité...
C’est quoi le monde
que vous proposez ? Qui décidera de ce qui est utile ou non ?
Le sport m’intéresse
pour ainsi dire à un degré proche de zéro, mais je serais bien
malhonnête de ne pas reconnaître que la maîtrise d’un savoir
faire, d’un savoir bouger, d’un savoir penser, d’une adresse, d’une
tactique, est à la base de tous les arts, de la cultures au sens
large du terme (de la maîtrise du cheval et de la charrue, à la
chanteuse lyrique, du charpentier à l’astronome), et qu’il n’y a
d’ailleurs pas de gradation ou classement à effectuer entre ces
différentes maîtrises, qui sont chacune un aboutissement, évoluant
de perfectionnements en perfectionnements. Elles sont chacune dans leur branche
l’aboutissement de ce que les humains sont capables de réaliser de
meilleur. On peut d’ailleurs se réjouir ou non à telle ou telle
évolution et résultat, qui signe l’esprit du temps.
Le spectacle de la
performance des corps, on la retrouve sur les stades olympiques, mais
aussi à l’opéra ou dans l’atelier de l’horloger. Je la retrouve sur
les échafaudages de mes chantiers autant que dans l’adresse du
chirurgien. Tout est question de regard.
Vos arguments
d’utilité pour éliminer le sport parmi les richesses des capacités
humaines me semblent la porte ouverte à une épuration culturelle,
une révolution… (?), extrêmement dangereuse et dommageable.
Une fois encore, qui décidera de ce qui est un art valable ou non ?
Le sport pose
problème, il envahit une part disproportionnée et pour moi
scandaleuse de l’espace culturel. Je le perçois comme une agression.
Il en est jusqu’à la coupe des vêtements que l’on est sensé porter
pour accomplir telle ou telle activité. Le sport doit donc de toute
urgence être remis à sa place. Demain n’est pas la veille. Je suis
sur ce point tout à fait en phase avec votre discours et en
particulier sur l’aspect fascisant de ce développement effréné de
la sphère sportive.
Sur le troisième
programme de la RTBf, par exemple, on interrompt maintenant, sans
ménagement aucun, de façon abrupte au beau milieu d’une phrase, les commentateurs d’avant
concert pour annoncer les résultats de la dernière coupe de football… Et cela avec, en plus, dans la voix et l’expression l’enthousiasme feint de la midinette, peu ragoutant. C’est tout dire ! Le degré de soumission est total. Comme si le public qui
choisissait d’écouter un concert à la radio le soir d’un match de
foot se souciait d’une façon quelconque d’un résultat de ce type ?
Bien au contraire ! Et il y a bien de quoi fulminer de cet
envahissement jusque dans les recoins désormais les plus obscurs
et désuets de la culture. L’envahissement est donc bien de type totalitaire, sans limites.
Mais de là à
réduire le sport comme vous le faites à quelque chose à détruire…
je ne comprends pas ! Au point que je ne sais comment le noter votre
article. Je le trouve intéressant et riche d’éléments forts bien
mis en formes. Mais son contenu… en parlant de fascisme justement…