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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > L’Odyssée Dragon Quest

L’Odyssée Dragon Quest

Je vous présente un phénomène des temps anciens. Un phénomène, que dis-je, une homélie : Dragon Quest. Véritable évènement de masse au Japon, ce jeu vidéo arrive enfin en Europe, pour le plus grand plaisir des fans de RPG (jeux de rôle et d’aventure).

L’injustice est enfin réparée, et pour la première fois, un Dragon Quest arrive sur notre continent. Il s’agit de l’épisode VIII, soit L’Odyssée du roi maudit ; chaque jeu posséde sa propre histoire et son propre univers, indépendamment des autres, hormis quelques clins d’œil réservés aux fans. Si son arrivée en France est passée plutôt inaperçue, le succès de la saga mythique au Japon ne s’est jamais démenti. Plus qu’un phénomène massif, les Japonais sont pris d’un véritable engouement passionné pour ce jeu. Comment cette différence est-elle représentative d’un clivage culturel international ? Pourquoi deux sociétés riches et cultivées réagissent-elles si différemment face au progrès ?

En Asie, toutes les innovations vidéo-ludiques sont vécues comme des victoires techniques. L’homme vit ses rêves grâce à la machine. En Europe, cette culture de l’image et du jeu n’a jamais connu un tel essor, car elle n’a jamais été prise au sérieux, plutôt jugée malsaine. Pourtant, tous les jeux vidéo ne sont pas synonymes de violence et de mort. Cette image stéréotypée des jeux pénalise tous les autres. En ce qui concerne Dragon Quest, par exemple, il n’y a aucune scène de violence ni à caractère tendancieux, il s’agit d’une légende magique et colorée sur fond de temps médiévaux.

Au Japon, ce jeu a toute une histoire, basée sur la concurrence entre deux grands concepteurs de jeux vidéo, j’ai nommé Squaresoft et Enix. Enix est le premier créateur de RPG lorsqu’il sort en 1986 sur Nintendo, la 1re console de salon, le premier Dragon Quest. L’histoire, bien que basique, fut une agréable surprise grâce à son principe de rompre la linéarité des jeux (Dragon Quest est le seul et unique jeu où le héros peut aller où il veut, quand il le veut, et où tous les objets du décor sont réels). Le jeu est une agréable réussite, aussi bien pour ses concepteurs que pour leur tout nouveau et jeune public (Le jeu est accessible à tous sans restriction d’âge).

Relevant le défi face à cette innovation, Squaresoft, en situation de déficit à l’époque, décide de créer à son tour un RPG avant de disparaître : c’est la naissance du premier Final Fantasy, série aujourd’hui mondialement connue dont le succès fracassant a relevé sans difficulté les finances du petit groupe.

L’arrivée de cette concurrence marque le début d’une guerre fratricide entre les deux éditeurs japonais pour conquérir la meilleure part du marché. Si Final Fantasy est plus connu de ce côté-ci de l’Atlantique, premier des ventes de RPG en Europe et aux Etats-Unis, au Japon c’est Dragon Quest qui occupe la première place au palmarès des ventes aussi bien à l’année qu’à la décennie. Dragon Quest VIII s’est ainsi vendu au Japon à plus de 4 millions d’exemplaires en quelques semaines à sa sortie. Son prestige vient également de l’identité de son dessinateur, Akira Toriyama en personne, le célèbre créateur du manga Dragon Ball.

. Pour vous montrer le phénomène incroyable que ce jeu représente là-bas, laissez-moi vous raconter une anecdote tout à fait véridique : un décret gouvernemental a été promulgué, il y a de cela quelques années, afin que les jeux Dragon Quest ne sortent que les dimanches et jours fériés. Pourquoi cette loi, qui nous semble quelque peu ridicule à nous autres, Européens ? Pour contrecarrer les taux d’absentéisme et d’arrêts de travail posés en masse les jours de sortie du jeu. Une étude japonaise a été effectuée sur cet incroyable phénomène, et elle prouve que le jour de la sortie d’un Dragon Quest, une grande majorité des élèves mais également des professeurs, cadres et salariés ne vont pas travailler pour pouvoir acheter le jeu. Incroyable, mais vrai ! Cet engouement touche toutes les classes de la société sans distinction d’âge. La loi stipule donc que toutes les sorties nationales d’un opus de Dragon Quest doivent être effectuées un dimanche ou un jour férié afin d’éviter le chaos administratif de la Nation.

Puisque ce jeu marche si bien, pourquoi n’est-il arrivé en France et en Europe que récemment ? La raison est qu’il se base sur la mythologie médiévale japonaise, et que les concepteurs ne pensaient pas qu’il pourrait être accepté dans une autre culture. L’intérêt massif de la population française pour les mangas et la culture japonaise qui a explosé en dix ans leur a prouvé le contraire.

Le 13 avril 2006, le légendaire jeu si attendu par les fans débarque en France, sous l’égide des deux anciens rivaux, maintenant réunis en un seul et même studio : Squarenix. Les fans européens possédaient pour la plupart au moins un des opus de la série en américain, dans la version sortie sous le nom de « Dragon Warrior ». Mais qu’en est-il des joueurs qui ne le connaissent pas ? Vont-ils fondre à leur tour pour ce jeu légendaire ou ce classique japonais va-t-il les décevoir ? L’arrivée de Dragon Quest va-t-elle détrôner l’inébranlable Final Fantasy, RPG préféré des Français ? Nous le verrons dans les prochaines semaines...


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