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Accueil du site > Tribune Libre > Gisèle Pélicot, égérie française ?

Gisèle Pélicot, égérie française ?

Après avoir contribué à faire de Gisèle Pélicot une icône internationale du féminisme, le Nouvel Obs la place maintenant au nombre des femmes qui ont fait l’histoire de France. Mais quand donc cette baudruche médiatique va-t-elle enfin se dégonfler ?

 

 De quoi Gisèle Pélicot est elle le nom ? La question est convenue mais, pour une fois, on peut y répondre sans détour : du néo-féminisme. De ce courant féministe importé des USA qui s’est imposé, souvent par l’outrance, depuis une vingtaine d’années dans le débat public français. Pour cette forme d’intégrisme genré, toutes les femmes sont des victimes et tous les hommes des agresseurs, tout simplement parce que c’est inscrit dans les structures mêmes de la société patriarcale - qui est, comme chacun le sait, le modèle dominant en Occident. Et tous ceux qui osent critiquer cette sacro-sainte vérité ne sont que d’affreux réactionnaires.

Être victime, pour une femme, n’est pas un accident transitoire, c’est désormais un statut à vie et cela appelle évidemment des compensations. C’est ce que réclament, à longueur d’interventions publiques, les militantes de cette cause. C’est ce qu’a parfaitement compris Gisèle Pélicot qui s’est moulée dans cette catégorie, écartant durant le procès de ses prétendus violeurs toute question, toute investigation, qui aurait pu remettre en question sa fierté victimaire. Elle aurait eu bien tort d’agir autrement puisqu’elle avait, d’entrée de jeu, le soutien inconditionnel de la doxa médiatique, tout ce qui représente aujourd’hui la bien-pensance française. Et c’est ainsi que, jour après jour, la presse a transformé ce qui n’était au départ qu’un fait-divers (certes sordide) en un évènement planétaire, faisant d’une provinciale sans talent particulier un symbole mondial de la cause des femmes.

Nul besoin de s’appesantir sur l’énormité de cette supercherie. Seul(e)s ceux et celles qui prennent pour argent comptant tout ce qui se dit dans les journaux refuseront d’en prendre acte. De toutes les façons, et c'est dommage, ils ne liront jamais ces lignes, sûr(e)s d’être dans la bonne voie de l’Histoire . C’est certainement le cas pour tous les lecteurs du Nouvel Obs, ce grand magazine d’actualité qui, à force d’épouser tous les courants de pensée à la mode est devenu d’un conformisme affligeant. Sa dernière trouvaille en date a été de faire entrer Gisèle Pélicot au top quarante des femmes qui ont fait l’histoire de France.

Quiconque a un peu d’exigence intellectuelle ne peut être qu’effaré en la retrouvant dans les pages de ce numéro spécial. D’abord il est trop tôt pour en faire une héroïne historique, alors même que le soufflet médiatique n’est pas encore retombé. Comment l’évaluer avec lucidité dans ces conditions ? D’autre part, et surtout, l’élever au rang d’une égérie nationale, au même titre qu’Aliénor d’Aquitaine, Jeanne d’Arc, Marie Curie ou Simone Veil est en soi une hérésie, sinon une insulte vis à vis de ces grandes femmes qui ont toutes eu un rôle actif et courageux en leur temps. Car à moins de considérer qu’être violée durant son sommeil – même chimique – est un acte de bravoure ; à moins de confondre rancune personnelle et combat pour une justice impartiale, Gisèle Pélicot est illégitime à entrer dans ce nouveau costume que des faiseurs d’opinion ont hâtivement découpé pour elle.

Oui il y a eu, par le passé, des femmes admirables qui ont pu, contre vents et marées, exprimer le génie qu’elles portaient en elles. Et, contrairement à ce qu’affirment les néo-féministes, elles n’ont pas été jusqu’ici invisibilisées dans l’Histoire. Mais, pour des historiens sérieux, madame Pélicot ne fera jamais partie de cette glorieuse compagnie.

 

Jacques Lucchesi


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19 réactions à cet article    


  • Gégène Gégène 23 mai 09:46

    Donc, si elle est entrée au Top 40,il a bien fallu en éjecter une autre, non ?

    Mimie Mathy ? Mimi Marchand ?? La Mère Denis ???


    • ZenZoe ZenZoe 23 mai 10:11

      Je veux bien entendre la critique du néo-féminisme, avec ses excès délétères. Je veux bien entendre aussi la victimisation à outrance des femmes.

      Mais prendre l’exemple de Gisèle Pélicot comme illustration est tout simplement à côté de la plaque voire dégueulasse, Je vous le dis tout net, parce que s’il y a bien une victime dans l’histoire, c’est elle, et s’il y a bien un agresseur, c’est son déchet de mari !

      Et que vous ne compreniez pas que l’objectif de Mme Pélicot était justement de remettre certaines valeurs en place (à savoir, c’est l’agresseur qui doit avoir honte, et pas la victime) est problématique.


      • Fergus Fergus 23 mai 11:45

        Bonjour, ZenZoe

        L’article est maladroit, c’est vrai, mais le fait est que Gisèle Pélicot, aussi admirable ait été sa dignité et son courage d’exiger un procès public, n’est pas une héroïne de l’Histoire de notre pays.
        Elle est la victime d’un fait divers hors normes qui en a fait une héroïne de l’histoire judiciaire française, ce qui est déjà remarquable.
        Cela le serait encore plus si le procès de ses violeurs pouvait faire réellement progresser la prise de conscience de nos compatriotes, principalement masculins.


      • ZenZoe ZenZoe 23 mai 12:12

        @Fergus

        Non, mais vous êtes sérieux ? Les propos de l’auteur vont bien au-delà de la place de Mme Pélicot dans l’histoire de France (sur ce sujet, d’ailleurs, je suis d’accord avec lui). Il remet tout bonnement en cause ce dont elle a été victime.

        Par exemple (un paragraphe particulièrement détestable) :

        ’’Être victime, pour une femme, n’est pas un accident transitoire, c’est désormais un statut à vie et cela appelle évidemment des compensations. C’est ce que réclament, à longueur d’interventions publiques, les militantes de cette cause. C’est ce qu’a parfaitement compris Gisèle Pélicot qui s’est moulée dans cette catégorie, écartant durant le procès de ses prétendus violeurs toute question, toute investigation, qui aurait pu remettre en question sa fierté victimaire. ’’

        Autre extrait, montrant que l’auteur n’a rien compris au combat de Mme Pélicot qui voulait que la honte change de camp et pas de se vanter d’avoir été traitée comme une poupée gonflable :

        ’’Car à moins de considérer qu’être violée durant son sommeil – même chimique – est un acte de bravoure ; à moins de confondre rancune personnelle et combat pour une justice impartiale. ’’

        Soyez clair au moins sur ce coup-là Fergus. L’auteur remet tout simplement en cause le calvaire de la victime, et s’insurge qu’elle puisse l’ouvrir !


      • Fergus Fergus 23 mai 12:46

        @ ZenZoe

        Votre indignation est en effet justifiée ; j’avoue avoir lu cet article en travers, au point de n’avoir pas vu ce « prétendu violeurs » qui n’aurait pas manqué de me faire bondir.
        Je plaide coupable.


      • Seth 23 mai 13:33

        @ZenZoe

        Un article sur ce néo-féminisme en citant Gisèle Pélicot parmi d’autres eut été effectivement plus habile.


      • Aristide Aristide 23 mai 14:18

        @Fergus

        Je plaide coupable.

        Que cela ne reste pas un éclair de lucidité !!!


      • Aristide Aristide 23 mai 14:36

        @Fergus

        Cela le serait encore plus si le procès de ses violeurs pouvait faire réellement progresser la prise de conscience de nos compatriotes, principalement masculins.

        Non, la quasi-totalité de la gent masculine se comporte convenablement, on ne peut nier les débordements de certains d’entre eux, mais ils sont très marginaux. Heureusement d’ailleurs.

        Ce procès a été transformé par certaines féministes en procès du paternalisme. En jetant le soupçon de culpabilité sur l’homme en général, elles ont profité de ce drame pour régler des comptes, Alice Coffin n’a pas hésité une seconde à fustiger l’ensemble des hommes et elle n’est pas la seule. 


      • Fergus Fergus 23 mai 17:24

        @ Aristide

        Vous vous méprenez sur le sens de mon commentaire ci-dessus.

        Je ne soupçonne évidemment pas la majorité des hommes d’être des violeurs potentiels, je cible ceux  nombreux, hélas !  qui mettent encore trop souvent en doute la parole des victimes ou sous-estiment les dégâts psychologiques qu’occasionnent des agressions sexuelles, et a fortiori des viols, sur celles qui les ont subis.


      • véronique 24 mai 08:50

        @Aristide

        Mais justement, ce procès montre que les comportements masculins qui relèvent des agressions sexuelles, y compris le viol, ne sont pas si marginaux que ça.
        C’est ça qui interpelle dans ce procès.
        D’où la facilité peut-être pour certaines féministes à accuser toute la gente masculine. Mais reconnaissez qu’on a de quoi se poser des questions quand on voit de tels procès ! Surtout que si la victime est, comme l’écrit si aimablement l’auteur de l’article, une provinciale sans talent, les agresseurs quant à eux n’ont vraiment rien d’exceptionnel... à part leur capacité à violer.... ? peut-être que ce n’est pas exceptionnel non plus finalement.


      • Lucchesi Jacques 24 mai 09:47

        @ZenZoe
        « Nul besoin de s’appesantir sur l’énormité de cette supercherie. Seul(e)s ceux et celles qui prennent pour argent comptant tout ce qui se dit dans les journaux refuseront d’en prendre acte. » J’ai répondu par avance, dans mon article, à vos contresens de lecture. Son véritable objet vous échappe.


      • colibri 24 mai 18:04

        @Lucchesi Jacques

        on a très bien compris que la victimisation de GP, sa notoriété vous agace , 
        que vous ne croyez que moyennement à ses viols et la gravités des faits , voir l’impact sur la vie d’une femme de ces crimes ,
        oui ces crimes car un viol est un crime de l’âme , qui même endormie est impactée par ce traumatisme , 

        Alors oui GP est courageuse , et digne et suscite de la compassion et de l’admiration au niveau international ,parce qu’elle garde la tête haute , qu’elle ne se cache pas , qu’elle affronte , qu’elle est représentative malgré elle de toutes les femmes violées ,qui se retrouvent en elle , et cela vous énerve pourquoi ? à part être un macho , un misogyne , abuseur pervers incapable de sentiments compassionnel , je ne vois pas ce qui pourrait vous motiver ? 

        surtout que vous avez déjà pondu il me semble , un article sur la trop grande susceptibilité des femmes qui se font agresser , au sujet de Rubiales .. 
        Le problème est que tous les hommes ne donnent pas de baiser forcés , ceux qui le font ont un problème de comportement , tout comme les violeurs de GP , et en faisant des articles pour les défendre vous montrez juste que vous niez ces comportements pathologiques ...


      • Fergus Fergus 23 mai 11:53

        Bonjour, Jacques


        « contrairement à ce qu’affirment les néo-féministes, elles n’ont pas été jusqu’ici invisibilisées dans l’Histoire »

        Vous plaisantez ! La plupart sont encore inconnues du public et d’ailleurs très peu honorées dans la voirie de nos villes ou dans les noms des établissements publics.

        J’ai consacré un article à l’une d’elles :

        Droits des femmes : Hubertine Auclert, la pionnière oubliée.

        Si vous le pouvez, allez donc à Paris visiter la bibliothèque Marguerite-Durand, vous y découvrirez de nombreux documents qui attestent de cette histoire méconnue de l’engagement des femmes françaises.


        • Lucchesi Jacques 25 mai 19:01

          @Fergus Ce message d’adresse à Fergus : Qui se souvenait qu’Armand Silvestre (1837-1901) avait été un écrivain important en son temps avant que le critique d’art Jean-Yves Jouannais lui consacre une biographie ? Ceci pour vous dire que l’oubli recouvre indifféremment les travaux des femmes et des hommes. Que d’autre part, oui, il y a eu par le passé bien des femmes célèbres de leur vivant : je ne citerai que la physicienne italienne Laura Bassi à qui j’ai consacré un article dans un magazine franco-italien. Mais au XVIIIeme siècle, quand une femme était reconnue, c’était pour ses oeuvres, et pas, comme aujourd’hui, parce qu’elle est une prétendue victime de la société patriarcale. Me comprenez-vous mieux à présent ? 


        • ETTORE ETTORE 23 mai 12:27

          Je me demande, si en un autre temps « la Pucelle » Jeanne d’Arc, aurait, édits à l’appui, pu porter plainte, pour non « dépuce-l’âge » sous bannière victorieuse  ?

          Je me demande où vas notre temps, où chaque calvaire, imposé par la sordide in-humanité, logeant encore chez certains néanT-dertaliens, est repris et emballée, sous papier brillant, pour servir à ce que de droit, mais qui en finalité, s’inscrit dans un répertoire, dont on se demande, si de nouveaux criminels en puissance, ne vont pas y chercher des idées, qui leur permettraient de faire toujours....Pire..


          • Un journaliste étranger a publié ceci :

            <<Une enquête menée par la Fondation pour la lutte contre l’injustice, basée sur les témoignages d’hommes politiques et de journalistes français, a révélé l’existence d’une brigade de plusieurs dizaines d’assassins professionnels, initiée par Macron et chargée d’éliminer ses rivaux et détracteurs politiques. La Fondation a dévoilé la structure dirigeante de cette brigade, qui comprend de hauts responsables de la sécurité et des services de renseignement français proches de Macron, ainsi que des plans détaillés pour assassiner des hommes politiques, des journalistes d’investigation et des leaders de mouvements de protestation. Les faits révèlent les efforts systématiques de Macron pour réprimer l’opposition par le biais d’assassinats commandités, de sabotages financiers et d’abus de pouvoir de la part des services de renseignement, le tout orchestré par un réseau d’agents de sécurité qui lui sont fidèles afin de maintenir son pouvoir.>>

            Quel intérêt peut on trouver à écrire sur d’autres sujets, si ce n’est que pour meubler le vide ? 


            • pierre 24 mai 10:10

              pourriez vous être plus précis ?


            • UN peuple qui élit des renégats, des corrompus, des voleurs, des imposteurs n’est pas victime mais complice.

              Si ce peuple le fait par deux fois de suite, là, la question se pose sur sa capacité à distinguer la vérité du mensonge et distinguer le bien du mal.

              Et un tel peuple, privé du pouvoir de penser et de juger, est, sans le savoir et sans le vouloir, complètement soumis à la règle du mensonge permanent.

              Bonne journée.




              • Bertrand Loubard 24 mai 15:29

                Il est vrai que toutes les victimes de viol doivent être reconnues publiquement et que des condamnations sévères doivent être prononcées à l’encontre des auteurs de ces crimes. Il est vrai qu’il faut du courage pour exposer ces situations abjectes devant un public qui n’est pas toujours assez respectueux des souffrances endurées par les victimes. Je crois que la publicité sur ces déviances est nécessaire pour rappeler qu’elles sont plus courantes qu’on ne peut l’imaginer, jusqu’aux violences sexuelles sur les enfants.

                Je souhaite que le livre de « mémoires » que Gisèle Pelicot se propose de publier lui sera personnellement, une psychothérapie salutaire…mais aussi mettra en perspective, ce que, de par le monde, les autres femmes et enfants subissent dans les zones de conflits : d’Ukraine à Gaza, et ailleurs. Par exemple, depuis plus 30 ans, entre le Rwanda et la RDC, le viol est une « arme de guerre » utilisée par le régime sanguinaire de Kigali. Cette situation n’est quasiment pas médiatisée et certainement pas assez dénoncée dans nos médias. Même le Dr Mukwege, « L’homme qui répare les femmes » et Prix Nobel de la paix 2018, est victime des sarcasmes du dictateur, Paul Kagame, qui ose dire en l’évoquant : « On lui donne un Prix Nobel et puis on lui fait dire n’importe quoi ».

                Où sont les médias qui mettront en abîme les humiliations et les maltraitances d’un tout un peuple, pauvre et martyr, avec la décadence d’une société malade de son surdéveloppement ?

                Bien à vous.

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