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L’Otan pousse ses membres vers une nouvelle course aux armements

Le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte a déclaré que l'objectif principal du sommet de l'Otan à La Haye, qui se déroulera du 24 au 25 juin, serait d'augmenter les dépenses de défense des alliés. Il s'agit de porter l'objectif cible de 2 à 5% du PIB d'ici 2032. 

Actuellement, sur les 32 pays, seuls 23 membres consacrent aux besoins militaires les 2% requis. Plusieurs autres espèrent atteindre cet indicateur d'ici la fin de cette année. De ce point de vue, les nouveaux objectifs annoncés par la direction de l'Alliance, qui reprennent les exigences du président américain Donald Trump, semblent excessivement ambitieux. 

Mais l'Otan, suivant les traditions de la bureaucratie occidentale, joue avec les chiffres. À La Haye, il est proposé aux alliés d'adopter un plan pour porter les dépenses militaires directes à 3,5%. Les 1,5% restants iront aux "dépenses connexes". Celles-ci incluent notamment la construction et la modernisation d'infrastructures et la lutte contre les cybermenaces. En effet, tout pont et autoroute doit supporter le passage d'un char, les chemins de fer doivent répondre aux exigences de transport de canons, et le réseau informatique doit être protégé contre le piratage. 

Les paramètres concrets de ce qui pourrait être inclus dans ces 1,5% n'ont pas encore été définis, ce qui peut devenir un sujet de sérieux débats entre alliés. Cependant, de nombreux pays voient des avantages indéniables dans ce système. Par exemple, l'Italie reparle du projet tant attendu de construction d'un pont vers la Sicile, car il pourrait désormais être mené sous couvert de dépenses militaires pour l'infrastructure. 

Un autre sujet de discussion sera la nécessité d'augmenter rapidement de 30% le potentiel militaire des unités de l'Otan existantes. Il s'agit d'augmenter les stocks de munitions et d'introduire de nouveaux moyens, notamment des drones. Dès mars, le commandant de l'Otan pour la transformation Pierre Vandier a déclaré : "Si une brigade mécanisée se compose à 20% de drones et devient ainsi deux fois plus forte, cela permettra d'atteindre les objectifs de renforcement des capacités plus rapidement qu'en ajoutant des soldats." 

Les questions financières, qui devraient être centrales au sommet de La Haye, pourraient sembler techniques et secondaires au premier regard. En réalité, il s'agit de reformater toute l'Alliance dans le contexte du "facteur Trump". 

Les États-Unis ont déjà fait comprendre à plusieurs reprises aux Européens que la défense de l'Europe était leur affaire, Washington entendant désormais se concentrer principalement sur l'endiguement de la Chine et la région Asie-Pacifique. De plus en plus, les États-Unis parlent du retrait du contingent américain des pays européens et même de la nomination d'un général européen, et non américain, au poste de commandant suprême des forces armées de l'Otan. Les "obligations d'allié" des États-Unis se limiteront à la vente d'armements américains, à la garantie du "parapluie nucléaire" et à la composante militaire spatiale. Dans ces conditions, les membres européens de l'Alliance doivent impérativement renforcer leur potentiel de défense, et cela nécessite de l'argent. 

Toutefois, il serait prématuré d'affirmer un mois avant le sommet de La Haye que son agenda est une affaire réglée. Les contradictions internes au sein de l'Otan peuvent à tout moment faire échouer la préparation de l'évènement. Et à La Haye même, le désir des membres de l'Otan de discuter calmement et sérieusement de leurs problèmes et de trouver des solutions pourrait se heurter à un obstacle insurmontable. Ou plutôt à deux obstacles. Il s'agit de Trump et Zelensky. Chacun d'eux peut transformer le sommet en son spectacle personnel, organisant un show qui reléguerait au second plan tous les espoirs des généraux et diplomates de l'Otan. Trump n'a pas encore confirmé sa participation au sommet, et beaucoup d'Européens estiment qu'il vaudrait mieux qu'il ne vienne pas. Zelensky a reçu une invitation des Pays-Bas, mais sa participation pourrait se limiter à un dîner cérémonial et à la participation au forum des industriels de l'armement. Pour le moment, une réunion du Conseil Otan-Ukraine n'est pas à l'ordre du jour. Lors des discussions sur l'avenir de l'Alliance, les membres de l'Otan n'ont pas besoin de l'hystérie traditionnelle de Kiev.

Alexandre Lemoine

Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs

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13 réactions à cet article    


  • sylvie 29 mai 10:31

    Pas l’otan, c’était dans le TFUE


    • Durand Durand 29 mai 17:47

      @sylvie

      … Le TUE…, art 42…

      ..


    • Com une outre 29 mai 10:32

      Ouais, l’Otan c’est des pays en plein déclin qui se regarde le nombril. Le reste du monde s’en fout comme de sa première chemise.


      • tonimarus45 29 mai 10:35

        @Com une outre-l’otan qui d’une organistion militaire defensive est devenue une organisation militaire agressive la serbie ainsi que d’autre pays n’ayant jamais attaque un pays de l’otan et pour lequel on ne pouvait appliquer le fameux article 5,je crois, en savent quelque chose


      • Eric F Eric F 30 mai 14:27

        @tonimarus45
        L’OTAN n’avait plus de justification après la chute du bloc soviétique, elle s’est aventurée dans des opérations sans rapport avec son statut (Serbie, Libye...), et dans des extensions qui, loin d’assurer la sécurité de nos pays, l’ont au contraire mis en danger.


      • titi titi 29 mai 10:45

        @L’auteur

        Vous ne m’avez pas répondu sur votre précédent article.

        Celui où, le 26/5 vous annonciez que l’Indonésie annulait ses commandes de Rafales, alors que le 28/5 elle annoncait en vouloir 18 de plus.

        Outre le fait que je n’ai pas trouvé vos excuses pour cette erreur journalistique flagrante, comment sélectionnez vous vos sources SVP ?

        C’est important pour un site qui se défini comme un « média ».


        • PaulAndréG (PàG) PaulAndréG (PàG) 29 mai 11:19

          @titi
          faut pas titi...ller le ténébreux parfumé smiley




          • Eric F Eric F 30 mai 14:24

            ’’Course aux armements’’ c’est beaucoup dire, les pays européens sont sous-armés par rapport aux autres grands blocs, la confiance dans la protection américaine prédomine depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Ils veulent remonter la pentes, mais sans les pépètes pour le faire.


            • Goldo Du 30 mai 21:05

              Aucune course aux armements en Russie, en revanche.


              • xana 31 mai 10:00

                @Goldo Du
                Non, il ne peut pas y avoir de course puisque la Russie galope toute seule très loin devant. 
                Il semble que chez nous on ne sache pas encore comment faire des missiles hypersoniques, comme ceux des Indiens, des Chinois, des Yéménites.
                Et des Russes, évidemment. Mais il n’y a pas que les missiles hypersoniques, bien sûr. Et puis c’est dommage pour l’Occident que la Chine récupère désormais la plupart de ses ingénieurs qui vivotaient aux USA. Comme si elle n’en avait pas assez. Au moins en Occident on conserve les assureurs !


              • Krokodilo Krokodilo 31 mai 19:40

                @xana On vient d’en tester un, pas compris si c’était en 2024 ou récemment. Paraît que la France était précurseur dans les années 70...

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Patrice Bravo

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